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Elodea canadensis Michx., 1803


Nom(s) vernaculaire(s)Élodée du Canada
FamilleHydrocharitaceae
OrigineAmérique du Nord
Date d’introductionmi-XIXe (1845)

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
EmergenteModéréeAlerte

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
MajeureModéréeEmergenteEmergenteEmergenteEmergente


Description

  • Port : plante aquatique pérenne totalement immergée pouvant former des populations denses. C'est une espèce dioïque dont les plants observés en Europe sont surtout des pieds femelles.

  • Feuilles : verticillées par 3, ovales, rigides, finement denticulées à extrémité arrondie légèrement recourbée vers le bas. Elles font de 5 à 12 mm de long et sont 2,5 à 5 fois plus longues que larges.

  • Tige : longue, fine de 2 à 2,5 mm de diamètre, fragile (elle se casse facilement). Les feuilles sont réparties sur toute la tige en un feuillage dense.

  • Fleurs : blanches ou lilas, peu visibles. Elles se développent à la surface de l’eau à l’extrémité d’un long pédoncule. Plante dioïque (pieds mâles et pieds femelles séparés). Floraison de juin à août.

  • Taille : de 20 cm à 1 m de long.

  • Confusions possibles : avec l'élodée à feuilles étroites (Elodea nuttalii), qui a des feuilles allongées (de 8 à 20 mm de long et 4 à 10 fois plus longues que larges), étroites, molles et à extrémités pointues ; avec l'égérie dense (Egeria densa), qui a les feuilles verticillées par plus de 3 et de plus de 2 cm de long ; avec le lagarosiphon (Lagarosiphon major), qui a les feuilles alternes (caractère visible sur la partie inférieure de la tige) ; enfin, avec les naïades (Najas spp.), qui ont les feuilles opposées (elles peuvent sembler verticillées) et des tiges à nombreuses ramifications dichotomiques.



Cartes

Répartition par mailles INPN de 5*5 km
Fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxEaux courantes ou stagnantes
Type de reproduction / propagation

L'élodée du Canada est une espèce dioïque dont seuls les pieds femelles sont observés en France, sa reproduction est donc uniquement végétative. La propagation se fait principalement par fragmentation et bouturage des tiges, et leur dissémination est effectuée par les courants, les oiseaux aquatiques et les activités humaines (navigation, entretien des cours d'eau, loisirs, rejets d'aquariums). L'espèce régresse dans les eaux atteignant 25°C.

Type(s) biologiqueHydrophyte enraciné

Phénologie
Floraison (mois)JFMAMJJASOND


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

D'après la bibliographie : Elodea canadensis forme des peuplements denses colonisant la totalité des milieux aquatiques, entraînant des anoxies périodiques et une diminution de l'intensité lumineuse disponible pour les plantes présentes sous l'eau. Elle gêne l'écoulement des eaux et accélère la sédimentation, augmentant l'envasement et l'eutrophisation. Ces herbiers monospécifiques contribuent à réduire la biodiversité floristique et faunistique indigènes aquatiques (FCBN, 2012).


Impacts sanitaires

D'après la bibliographie : Aucun impact sanitaire connu actuellement.


Impacts sur les activités humaines

D'après la bibliographie : Elodea canadensis nuit aux activités nautiques (navigation et pêche) et peut obstruer les tuyaux d’adduction des industries et d'irrigation.


Aspects positifs

D'après la bibliographie : Elodea canadensis constitue une très bonne ressource alimentaire pour l'avifaune aquatique herbivore et un excellent habitat pour les invertébrés. Elle est vendue comme plante d'aquarium aux vertus oxygénantes.



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

Sensibiliser les acteurs de l'environnement à la reconnaissance de l'espèce et aux moyens de gestion efficaces.

Ne pas introduire cette espèce dans le milieu naturel.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

L'arrachage manuel est un mode de gestion efficace temporairement. Compte tenu de la durée de l’opération d’arrachage, ce type de gestion ne peut être envisagé que sur de petites surfaces de faible profondeur, où les enjeux écologiques ou économiques sont importants. Il est également préconisé sur les cours d’eau à forte valeur patrimoniale (espèces rares et/ou protégées) afin de maintenir ou de restaurer la diversité floristique des cours d’eau (Thiébaut, 2008).

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

L’élodée du Canada se reproduit principalement par fragmentation des tiges. L'arrachage mécanique, quand il est utilisé, doit donc être assorti de la pose d'un filet et d'un suivi manuel pour récupérer les fragments dispersés.

Le moissonnage et le faucardage sont des techniques classiques pour gérer ces plantes aquatiques exotiques envahissantes. Elles permettent de réduire leur prolifération, mais peuvent également conduire, dans certains cas, à de nouvelles colonisations encore plus importantes - cas de l’étang de Bostal en Sarre, Allemagne (Muller, 2004). Toutes les précautions (pose de filets, etc.) doivent être mises en œuvre pour éviter la propagation de fragments et créer de nouvelles populations. L’éradication est très difficile à obtenir (Muller, 2004 ; Pieret & Delbart, 2007).

Par ailleurs, le faucardage peut détruire partiellement les populations indigènes si celles-ci sont en mélange avec les herbiers d’élodées. Ainsi, Abernethy et al. (1996) ont montré que l’élodée du Canada est moins sensible au faucardage que d’autres espèces indigènes. Demière & Perfetta (2002) conseillent de laisser la plante arriver à maturité et de la sortir de l’eau à la fourche.

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

L'utilisation de produits phytosanitaires en milieux humides ou aquatiques est désormais interdite en France, tout comme dans la plupart des pays d'Europe. Pour rappel l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

Thiébaut (2008) montre que l’herbivorie par des gastéropodes (Lymnaea stagnalis) ne constitue pas un agent de contrôle biologique efficace en soi. En revanche, il semble intéressant de l’utiliser en complément d’autres techniques de contrôle.

L'élodée du Canada est également consommée par les larves d’un lépidoptère herbivore généraliste (Acentria ephemerella), mais ce dernier ne constitue pas un moyen de lutte suffisant (FCBN, 2012).

Autres méthodes de contrôle ou d’éradication

La réduction du carbone inorganique dissous dans l'eau réduit la disponibilité en carbone, ce qui altère la croissance des tiges et des racines de l'élodée du Canada, mais également celle des autres macrophytes (Zenhsdorf et al., 2015).

L'option de laisser en l'état : il a été observé que des populations d'élodée du Canada se sont effondrées sans raison particulière connue. Parfois l'élodée du Canada est remplacée par d'autres macrophytes aquatiques, parfois elle réapparait quelques années plus tard, parfois le milieu devient dominé par le phytoplancton. Certains mécanismes de dynamique des populations de cette espèce restent inconnus (Zenhsdorf et al., 2015).

Méthodes inefficaces ou inappropriées

Le faucardage mécanique accentue la propagation des élodées si les plants coupés ne sont pas tous récupérés et sortis de l'eau, et la survie des élodées n'est pas menacée sur le long terme. De plus, les méthodes mécaniques ont un impact direct sur les macrophytes indigènes (coupe, arrachage) et un impact indirect sur la faune : les herbiers d'élodées constituent un lieu de repos et de nourrissage pour plusieurs espèces indigènes de poissons et d'oiseaux (Mjelde et al., 2012 ; Zenhsdorf et al., 2015).

La réduction des nutriments présents dans l'eau (phosphore et azote) ne permet pas de réduire la biomasse des élodées (Zenhsdorf et al., 2015).

Gestion des déchets

Les résidus de gestion doivent être séchés loin du cours d’eau sur un sol sec (survie des tiges arrachées disposées hors milieu aquatique de très courte durée et aucun risque d’apparition de forme terrestre).

Précautions

Éviter toute contamination aval lors des travaux d'arrachage sur un site en gestion en posant des filets pour récupérer les fragments de l'espèce.

Les machines et outils doivent être soigneusement lavés et débarrassés de tous résidus.

Faire attention aux espèces indigènes qui peuvent être en mélange avec les élodées lors de la gestion de celles-ci.

Commentaires

Espèce soumise à règlementation agricole : arrêté du 13 juillet 2010 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE).

Manche (2007) propose une estimation du coût de l’arrachage manuel. Il est de 1,4 à 4,5 € TTC/m² et de 800 à 1500 € TTC/tonne, selon les unités employées.


Sources bibliographiques

Abernethy V. J., Sabbatini M.R. & Murphy K. J., 1996. Response of Elodea canadensis Michx. and Myriophyllum spicatum L. to shade, cutting and competition in experimental culture. Hydrobiologia, 340: 219-224.

ARPE & CBNMed, 2009. Plantes Envahissantes - Guide d'identification des principales espèces aquatiques et de berges en Provence et Languedoc. Agence régionale pour l'environnement PACA et Conservatoire botanique national méditerranéen. 112 p.

Bowmer K.H, Jacobs S.W.L. & Sainty G.R., 1995. Identification, Biology and Management of Elodea canadensis, Hydrocharitaceae. Journal of Aquatic Plant Management, 33: 13-19.

CABI, 2019. Elodea canadensis (Canadian pondweed) [en ligne]. Invasive Species Compendium. Disponible sur : https://www.cabi.org/isc/datasheet/20759 (page consultée le 23/04/2021)

Demierre A. & Perfetta J., 2002. Gestion du faucardage des macrophytes sur les rives genevoises du Lac Léman (Suisse), p. 345-347. In Proceedings of the 11 th EWRS International Symposium on Aquatic Weeds, 26 September 2002, Moliets et Maâ, Landes, France.

FCBN, 2012. Elodea canadensis Michaux. Fédération des Conservatoires botaniques nationaux, 5 p. Disponible sur : http://www.fcbn.fr/sites/fcbn.fr/files/ressource_telechargeable/fiche_elodea_nuttallii_v2.pdf

Fried G., 2012. Guide des plantes invasives. Belin, Paris. 272 p.

Gobierno de España, 2013. Elodea canadensis. Catalogo espanol de especies exoticas invasoras. Disponible sur : https://www.miteco.gob.es/es/biodiversidad/temas/conservacion-de-especies/elodea_canadensis_2013_tcm30-69828.pdf (page consultée le 23/04/2021)

GT IBMA, 2016. Elodea canadensis. Base d’information sur les invasions biologiques en milieux aquatiques. Groupe de travail national Invasions biologiques en milieux aquatiques. UICN France et Onema. Disponible sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/elodea-canadensis/

Haury J., Hudin S., Matrat R., Anras L. et al., 2010. Manuel de gestion des plantes exotiques envahissant les milieux aquatiques et les berges du bassin Loire-Bretagne. Fédération des conservatoires d'espaces naturels, 136 p.

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Mjelde M., Lombardo P., Berge D. & Johansen S.W., 2012. Mass invasion of non-native Elodea canadensis Michx. in a large, clear-water, species-rich Norwegian lake – impact on macrophyte biodiversity. Ann. Limnol. - Int. J. Lim. 48: 225–240.

Mouronval J.B., Baudouin S., 2010. Plantes aquatiques de Camargue et de Crau. Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, Paris. 120 p.

Muller S. (coord)., 2004. Plantes invasives en France: état des connaissances et propositions d'actions. Collections Patrimoines Naturels (Vol. 62), Publications Scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, Paris. 168 p.

Thiébaut G. (coord.), 2008.  Etude comparative de deux espèces végétales aquatiques invasives en France : Elodea nuttallii et E. canadensis. Stratégies adaptatives, facteurs écologiques polymorphisme génétique des espèces, Contribution au contrôle du phénomène invasif. Rapport final Programme de recherche Invasions Biologiques, 58 p.

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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Elodea canadensis [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : LF, EK, MR, MLB, MH, KD, CC, CS, LT
Révision : 2023



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