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Sommaire :

Xenotoca eiseni

Le xénotoque d'Eisen Xenotoca eiseni est un poisson vivipare, relativement difficile en aquarium d'eau douce, originaire du Mexique en Amérique centrale. Décrite d'un affluent du Rio Grande de Santiago, près de Tepic, l'espèce est également connue des Rios Tepic et Compostela. Dans le bassin du Rio Grande de Santiago, l'aire de distribution s'étend vers le sud au moins jusqu'à Magdalena, dans l'état de Jalisco. Elle est abondante dans les Rios Tamazula et Tuxpan, jusqu'à Atenquique, dans le Jalisco méridional. L'espèce est absente des bassins du Rio Ameca et du Rio Armeria qui sont situés entre la population septentrionale du Rio Grande de Santiago et la population méridionale du Rio Tuxpan. Des différences dans le comportement et la coloration peuvent exister entre les diverses populations.

Xenotoca eiseni = Xénotoque d'EisenXenotoca eiseni = Xénotoque d'Eisen

Description

Xenotoca eiseni est une espèce de taille moyenne, pouvant atteindre 75 mm LS dans la nature. Le nom de genre Xenotoca est formé des mots grecs xenos, étranger, et tokos, indique "mise au monde", allusion à la viviparité. Le nom d'espèce, eiseni est dédié à Gustav Eisen, géologue et géographe qui fut membre des expéditions de la California Academy of Sciences.

Introduit aux États-Unis par un amateur, le xénotoque s'est répandu rapidement parmi les aquariophiles; elle gagna l'Europe, via la Grande-Bretagne, vers 1976, et se trouve être, à l'heure actuelle, la plus populaire des Goodéidés. Xenotoca variata fut aussi introduite en Allemagne, mais pas Xenotoca melanosoma.

Xenotoca fut extrait de Characodon par Hubbs et Turner, en 1939, sur la base des caractères de l'ovaire et des trophotaeniae. L'espèce la plus ancienne, Characodon variatus Bean, 1887, devint l'espèce-type du nouveau genre. Ce dernier était monotypique à l'époque, puisque Characodon eiseni Rutter, 1896 était considéré, depuis Regan (1906–8), comme identique à variatus. Après avoir observé des spécimens d'eiseni vivants, en 1955, R.R. Miller reconnut qu'il s'agissait en réalité d'une espèce distincte, ce qui fut confirmé par la révision très complète de Fitzsimons. En même temps, cet auteur faisait connaître la troisième espèce du genre : Xenotoca melanosoma.

Les Xenotoca sont des Goodéinés (famille des Goodéidés) de taille moyenne à grande (75–85 mm LS), avec 3 à 6 trophotaeniae rubannées chez les embryons et les néonates, un nombre diploïde de chromosomes égal à 48 (4, 6 ou 8 subtélocentriques, les autres télocentriques), un dimorphisme sexuel portant sur la couleur de la caudale du mâle qui est présentée aux femelles mûres pendant la parade, au cours de "danses" compliquées.

Caractères et différences de l'espèce :
Les différences des espèces du genre Xenotoca
Les affinités de Xenotoca demeurent obscures. Son plus proche parent est Chapalichthys, sauf pour le caryotype (2 n = 36). Il ressemble aussi à Xenoophorus, Goodea, Allotoca, Zoogoneticus et Alloophorus, et paraît donc à sa place dans la sous-famille des Goodéinés.

Xenotoca eiseni est une espèce moyenne, caractérisée par la coloration des mâles qui est unique dans la famille : moitié postérieure du pédoncule caudal et base (au moins) de la caudale orange à rouge brillant. La distribution et l'intensité des couleurs peuvent toutefois varier considérablement entre populations différentes et, pour une même population, en fonction de l'environnement. dents externes bifides (à partir de 40 mm LS); dents internes coniques, disposées en 2 plages subtriangulaires latérales aux deux mâchoires. 20–21 (18–23) branchiospines chez les spécimens de 40 mm LS et au dessus; 6–11 pores préoperculaires; 5 rayons branchiostèges; 31–32 (29–34) vertèbres; 4 trophotaeniae rubannées (pouvant présenter des divisions ou des réductions).

Le comportement laisse voir des danses (parades) nuptiales uniques (half-dance, loop-dance), exécutées par le mâle.

Paramètres

Le xénotoque occupe des habitats très variés, allant des eaux claires (sources) aux canaux troubles et fortement pollués (effluents des industries sucrières), sur fonds de galets, de sable ou de vase. La végétation est absente jusqu'à très dense avec de nombreuses plantes de surface (Eichhornia crassipes, Lemna minor, Wolffia arrhiza). Les plantes varient de même selon les stations.

Températures de 15 à presque 32 °C. Les seuls points communs liés à l'abondance des poissons sont la faible profondeur (moins de 90 cm) et le courant faible ou nul.

Comportement

Xenotoca eiseni a un comportement semblable à d'autres vivipares, notamment Ameca splendens.

Alimentation

Bien que des végétaux, là où ils existent, constituent la plus grande partie de la nourriture, l'espèce est en fait omnivore. En captivité, ces poissons acceptent toutes sortes de nourritures vivantes ou conservées; une fraction végétale est nécessaire, mais les épinards seraient à proscrire car ils seraient responsables de dépôts de calcium dans les reins.

Reproduction

Cinq alevins de 20 mm env., provenant de Grande-Bretagne, furent placés en juin 1978 dans les mêmes conditions que les Ameca splendens élevés précédemment, soit un bac en verre collé de 50 × 30 × 30, équipé d'un filtre et décoré de roches calcaires (type meulière), sans plantes, mais avec un "mog" comme refuge supplémentaire. L'eau du robinet (25 TH) est additionnée de trois cuillères à soupe de sel de cuisine; température voisine de 27 °C. Nourris d'aliments secs et de daphnies vivantes, les alevins atteignent environ 50 mm après 3 mois (3 mâles, 2 femelles); les femelles dépassèrent ensuite les mâles (70 mm environ).

Le Xénotoque d'Eisen est matrotrophique.

La première parturition observée a lieu à la mi-décembre 1978; un seul alevin d'environ 15 mm est sauvé, les autres ayant été dévorés par les adultes. Début mars 1979, les 2 femelles sont gravides et isolées dans un bac identique à celui des adultes. 18 alevins sont dénombrés dont deux, incapables de nager en pleine eau, meurent une semaine plus tard. Les alevins mesurent environ 10 mm; toujours affamés, ils sont nourris de jeunes daphnies vivantes et de paillettes. A la suite d'un abaissement de la température de l'eau à 13 °C (conséquence d'une coupure de courant), tous les alevins meurent. Les pontes suivantes, sont négligées, mais les adultes sont nourris de larves de chironomes et de moustiques, de plus ils broutent constamment les algues vertes qui ont recouvert le décor. Le mâle dominant poursuit sans discontinuer les deux autres spécimens un peu plus petits que lui et beaucoup moins colorés.

En juillet 1979, un couple isolé dans un bac identique aux précédents, donne naissance à 17 alevins, tous normaux; les parents, bien nourris (tubifex vivants), n'ont pas dévoré leur progéniture la séparation. En septembre, la deuxième femelle produit à son tour 17 alevins de 15 mm environ. La naissance de deux alevins a été observée; leur nage est assez difficile au début et leurs premiers efforts tendent à atteindre la surface de l'eau pour y aspirer une goulée d'air; la nage horizontale n'est possible qu'après plusieurs heures.

La période de gestation est évaluée à 6 semaines environ (jusqu'à 8). Le nombre de jeunes par portée (17,2 fois) correspond assez bien à l'observation de Cauvet (1978) qui en a dénombré 21 et aux résultats d'élevages mentionnés par Fitzsimons, (15,9 en moyenne pour 12 portées totalisant 191 alevins); Axelrod (T.F.H. 26, juillet 1978) fait état d'une variation beaucoup plus large, allant d'une douzaine d'alevins pour une jeune femelle, jusqu'à 50–75 pour des femelles matures. De même, Bôhm (1976) a dénombré une portée de 59 petits.

Les jeunes sont expulsés la queue en avant et la face ventrale vers le haut; cependant, les mort-nés se présentent la tête en avant, la face ventrale tournée de même vers le haut; une chute de température de 28 à 18 °C serait responsable de cet accident (Cauvet).

Les trophoténies se détachent au cours des 24 premières heures. La croissance des jeunes est assez rapide et ils cohabitent facilement avec de jeunes Poecilia melanogaster (du genre Poecilia sp., par exemple. Ils sont nettement sexués vers l'âge de deux mois, mais on pourrait, selon Bôhm (1976), reconnaître le sexe dès 4 semaines.

Aucun hybride n'a été obtenu avec Xenotoca variata, Characodon lateralis, Ameca splendens et Xenoophorus captivus (croisements imposés ou insémination artificielle). En revanche, dans les mêmes conditions, Xenotoca eiseni et Xenotoca melanosoma ont produit un grand nombre d'hybrides parfaitement fertiles, alors que ceux-ci sont inconnus dans les localités où les deux espèces sont sympatriques. Si on laisse aux animaux le choix d'un partenaire (de leur propre espèce ou de l'autre espèce), aucun hybride n'apparaît entre populations sympatriques (comme dans la nature par conséquent), mais il s'en forme quelques uns entre populations allopatriques des deux espèces.

La parade nuptiale comprend :

  1. la posture latérale en T, dans laquelle le mâle, perpendiculaire au museau d'une femelle pratiquement immobile, courbe son corps en S, présente le dos à la femelle et vibre;
  2. le virage latéral, dans le cas d'une femelle nageant activement, contournée par le mâle, venant de l'arrière, qui se place devant elle comme précédemment;
  3. la posture oblique, dans laquelle le mâle se place en face d'une femelle immobile s'incline d'environ 45 ° la tête en bas et courbe vers la femelle son pédoncule caudal;
  4. la danse en 8, dans laquelle le mâle exécute une série de figures en forme de 8 un peu au dessus et en avant de la femelle en nage, et présente son dos;
  5. la demi-danse en 8 où le mâle ne décrit qu'une boucle. Des différences dans le détail de ces parades ont été constatées entre les diverses populations; il y aurait, en particulier, renforcement de ces comportements là où Xenotoca eiseni et Xenotoca melanosoma sont sympatriques, afin d'assurer l'isolement, un isolement reproducteur.

Taxonomie

Classification taxonomique
Règne:Animalia
Embranchement:Chordata
Classe:Actinopterygii
Ordre:Cyprinodontiformes
Sous-ordre:Cyprinodontoidei
Famille:Goodeidae
Sous-famille:Goodeinae
[*] Genre:Xenotoca
Espèce:eiseni
Nom scientifique:Xenotoca eiseni
Descripteur:Rutter
Année description:1896
Basionyme/Protonyme:Characodon eiseni
Synonymes:Characodon eiseni
Noms communs:(fr) Xénotoque d'Eisen
(en) Redtail splitfin
Origine géographique
Habitat naturel:Mexique
Continent d'origine:Amérique Centrale et Nord
Abondance:Rare
Maintenance de X. eiseni:
Maintenance:compliqué
Pour aquariophile:débutant
Nombre individus:Grégaire (> 6)
Volume:80 litres
Taille:6,0 à 8,0 cm
pH:6,0 à 8,0
Dureté GH:5 à 20
Température:15 à 32 °C
Espérance de vie:3 à 4 ans
Taille du couvain:20 à 40 oeufs

[*] Une taxonomie scientifique avec classification plus développée existe dans le genre xenotoca du taxon xenotoca eiseni.

Genre Xenotoca : Les goodéidés du genre Xenoteca sont des poissons qui vivent dans les plans d'eau lentiques des hautes terres du Mexique. Le genre compte 5 espèces plutôt petites, atteignant jusqu'à 9 cm LS. Historiquement, jusqu'en 2016, le genre ne comptait que 3...

Famille Goodeidae : Les poissons goodéidés de la famille Goodeidae sont surtout des poissons d'eau douce des eaux intérieures du Mexique, mais leur origine géographique s'étend à l'Amérique centrale et le Sud des États-Unis. La famille est divisée en deux sous-familles...

Ordre Cyprinodontiformes : Les poissons Cyprinodontiformes vivent en eau douce pour la plupart. L'ordre regroupe beaucoup de poissons d'aquarium assez populaires, comme les killis et des...

Classe Actinopterygii : La classe Actinopterygii, francisé en Actinoptérygiens, est celle des poissons à nageoires rayonnées. C'est le plus grand groupe de poissons, mais aussi le...

Suggestions

Compléments

X. eiseni est une espèce d'eau douce endémique du versant Pacifique du Mexique, où il se trouve dans les affluents du Río Grande de Santiago près de Tepic, état de Nayarit. L'espèce est potentiellement menacée par la perte et la dégradation des habitats causée par la sédimentation, la pollution chimique, la surexploitation des ressources en eau, la concurrence et la prédation par les espèces exotiques envahissantes et des modifications anthropiques de régimes d'écoulement.

En raison des effets combinés de ses menaces actuelles, sa zone d'occurrence restreinte (12 km2) et petit nombre de sites (2), cette espèce est classée en voie de disparition (EN) depuis 2019 par l'IUCN.

Fiche espèce publiée le 28/07/2008 par Jean-François Fortier (mise à jour le 30/09/2020).